|
Depuis trois ans, Pierre Feuille Ciseaux est l’occasion unique de réunir des auteurs majeurs de la bande dessinée indépendante, pour une résidence collective d’une semaine à la Saline Royale d’Arc et Senans. Durant cette semaine de résidence, les auteurs travaillent sur des projets communs, inaugurant des collaborations inédites, expérimentant de nouvelles formes d'explorations du champ de la bande dessinée, au sein de ce laboratoire sans pareil. La résidence met en avant une pratique de la bande dessinée toujours active, jamais morte, toujours potentiellement recommencée. Il s'agit de poser les exercices comme des énigmes ; que les auteurs leur trouvent ou pas les solutions qui leur conviennent ne stoppe pas la machine : il s'agit de rebondir sur les expérimentations de chacun, de ne jamais laisser se figer la bande dessinée dans une forme définitive. Chaque énigme artistique posée porte à la fois des enjeux de créations et des enjeux de confrontations de l'individu et du groupe. Chaque jour passé à la résidence soude le groupe en même temps qu'il l'agite et l'emmène vers de nouvelles directions. Pierre Feuille Ciseaux est autant le lieu d'un travail de recherche sur les potentiels de la bande dessinée, qu'une manière pour les auteurs d'élargir au contact des autres la conception et la pratique qu'ils ont de leur art. |
|||||||||
"Il y a tout d’abord le lieu lui-même, la monumentale Saline Royale organisée en demi-cercle, à la fois rempart contre l’extérieur, et enceinte dans laquelle se déroule la vie — dormir, manger, boire, parler aussi. Car cela reste en premier lieu un espace de rencontre — renforcé par cette bulle isolée loin de tout, dans cet espace démesuré où l’on se sent minuscule, dans les moments partagés (repas, soirées) où les groupes se mélangent, simplement. Et bien sûr, l’atelier se situe au centre, comme si la création était le principe qui animait tout cela, cœur battant avec enthousiasme. A un bout de la pièce les tables de sérigraphie, à l’autre la Fabrique de Fanzines, d’un côté la couleur et de l’autre le noir et blanc (photocopieuse oblige), deux pôles entre lesquels les auteurs évoluent et naviguent. On produit, on dessine, les pages s’amoncellent au milieu des tables, presque négligées, comme si l’important n’était pas ce qui était fait mais ce qui restait à faire, comme s’il y avait urgence à tirer le maximum d’une trop courte semaine. |
On s’émule, on se charrie aussi — et l’on parle alors en premier lieu non pas de ce que l’on a fait, mais de ce que l’on a vu les autres faire, une note d’émerveillement dans la voix. Untel est un tueur, tel autre a trois idées à la minute, tel autre encore déborde toujours d’énergie malgré l’accumulation des nuits courtes. C’est sans doute aussi parce que les auteurs sont là avant tout pour eux-mêmes. Les livres qui les cachent habituellement sont ailleurs, un peu plus loin, presque engoncés dans leur finition industrielle. Ici, c’est une autre industrie qui s’anime, la création est brute, manuelle, directe. On n’est pas là pour théoriser, mais pour pratiquer et explorer — et découvrir aussi. Il règne là une sorte de tourbillon qui emporte tout, une effervescence qui ne laisse personne indifférent, encourageant chacun à créer, à participer, à embrasser les contraintes. (...) L’alchimie fonctionne."Xavier Guilbert, pour du9 |
|||||||||
Conception graphique : Guillaume Massart - Un grand merci à Oriane Lassus, à Loïc Gaume, à L.L. de Mars et à Julien Meunier pour leur dessins - Contact - Mentions Légales - © Triptyque Films 2011 |