L’espace très particulier de la Saline Royale d'Arc-et-Senans comme lieu de la résidence Pierre Feuille Ciseaux apporte une dimension singulière à Découverte d'un principe en case 3.

Le monument, né de la volonté du roi Louis XV, est chargé d’une histoire forte : son architecte Claude-Nicolas Ledoux l’a pensé de telle sorte que les ouvriers pouvaient tout autant y vivre et y travailler. Lieu grandiose, à la fois d’habitation et de production, œuvre d’art et de labeur, de sueur et de sang, lieu d’innovation formelle et d’efficacité industrielle, de création de richesses et d’assujettissement des ouvriers.

La résidence entre en résonance avec cette histoire, et les auteurs invités se retrouvent eux aussi à vivre et à travailler dans le même endroit, coupés du monde, reclus tels des séminaristes dans ce monument aux proportions impressionnantes. La Saline renforce le mystère de ce travail de groupe en huis clos. Elle fait apparaître des thèmes et des questionnements fondamentaux : quels rapports les artistes entretiennent-ils avec leurs aînés, avec l’histoire de l’art en général, avec l’esthétique monumentale, avec l’art officiel ?

Sans que le film ait besoin d’aborder ces aspects de manière frontale, les murs de la Saline questionnent d'eux-même, en sous-texte, les artistes sur leur pratique. L.L. de Mars évoque ainsi les lignes que Michel Foucault a consacrées à la Saline : pour lui, elle est le lieu d'un panoptisme carcéral, organisé pour que le directeur puisse y surveiller tout ouvrier, à tout moment, depuis son poste. Spectaculaire et terrifiante arène.